“L’immobilité est en marche et rien ne pourra
l’arrêter” Edgar Faure
Face à toutes les – perpétuelles - promesses de changement qui se font jour
en cette période de pré-campagne électorale, cette citation d’Edgar Faure fait
preuve de grande actualité !
Elle rappelle subtilement combien la frontière entre l’immobilisme et
l’action, le désespoir et la
vitalité, le découragement et l’optimisme est ténue.
Un film qui me semble bien incarner toute l’ambivalence de ces rapports
sous-tendue par cette phrase d’Edgar Faure (et, qui finalement, révèle toute sa richesse) est le
célèbre Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
de Jean-Pierre Jeunet.
Cette jeune femme accro aux ricochets qu’elle fait valser sur le canal Saint-Martin décide subitement de changer sa vision des choses et sa façon
d’appréhender la vie.
Alors même qu’elle incarnait l’immobilisme – elle s’installe à Paris dans
une vie plan plan où elle occupe un poste de serveuse, attendant simplement que
le temps passe – elle devient progressivement la figure d’un changement tout
singulier… Amélie décide, après la curieuse découverte d’un coffret d’enfant
enfoui chez elle, de se mêler de la vie des autres. Mieux : d’enjoliver la
vie des autres. Mieux encore : de devenir la fée invisible de la vie des
autres.
Les autres, donc ?
Tel un conte et créant un Montmartre hors du temps, ce film fait exister
l’immobilisme en marche que rien ne peut arrêter. Parce qu'en effet, l'immobilisme reste bel et bien présent et entremêlé à sa nouvelle activité. Déterminée à agir pour les
autres, notre héroïne apprend progressivement à se mettre elle-même en danger
pour faire avancer sa propre vie. Ce qui ne peut se faire sans appréhension, et dont il était déjà question ici.
Rappelant sans équivoque le personnage Blanche Neige de Disney, cette
Amélie au regard malicieux est à la fois ange et démon. S’immisçant dans la vie des autres, elle
les prive également de leur liberté . Nous sommes donc loin d’une douce et pure
gentillesse, ce que disait déjà Emmanuel Jafferin dont nous parlions là.
Quelque soit le résultat du match de ses bonnes contre ses mauvaises
actions, elle nous incite, contrairement à Jean-Jacques Goldman, à ne pas
attendre …
Comme dirait le centurion d’Astérix et
d’Obélix dont le découragement ravit toujours le lecteur : « Engagez-vous qu’ils
disaient » ...
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