vendredi 30 mars 2012

Le passé, c’est dépassé !


"Le meilleur de la vie se passe à dire: « Il est trop tôt », puis : « Il est trop tard ».” Gustave Flaubert ; Lettre à Jules Duplan - 1857.

Le passé a cela de bien : il est dans nos mémoires comme un souvenir sacré. Et si le temps qui passe joue contre nous, il joue en sa faveur. Chaque jour passé signe un peu plus sa sanctuarisation.
Parce que oui, plus c’est loin et enfoui profondément, plus le souvenir est fragile, rare et donc précieux. Le souvenir répond aux lois de l’économie, en somme.
Il en fallait donc, du cran, pour aller à l’encontre de cette pensée de bistrot. La campagne de publicité du Mouv’ prend donc le contrepied de cette idée reçue avec le slogan « Non, tout n’était pas mieux avant ».
Parce que si avant notre yaourt confectionné maison avait le goût du lait, si nos grands-mères avaient le temps de tricoter pour nos petits-enfants et si nous connaissions nos voisins par leurs prénoms,  nous faisions également quelques petites choses qui, c’est certains, aujourd’hui nous dérangent, nous titillent, nous offusquent. 

Cette campagne, parfois violente, revient sur le côté très "vintage" de l’attirance contemporaine pour l’ancien. Jugez-en par la guipure très en vogue dans la mode féminine ou la nouvelle tendance des larges montures de lunettes !
Alors, vraiment, une envie de rétroviseur ?
Grand corps malade, Rétroviseur
Le passé, c’est dépassé


jeudi 29 mars 2012

Paris Je t’aime


« Respirer Paris, cela conserve l’âme » Victor Hugo, Les Misérables

Avec les beaux jours qui reviennent, difficile de ne pas fondre devant un Paris ensoleillé !
Et voilà un contexte idéal pour (re)visionner le beau film collectif Paris Je t’aime qui offre 18 histoires à travers 18 quartiers de la capitale, en un seul film.

Une bonne manière aussi, de réviser nos classiques et ne s’offrir un condensé de style et d’acteurs, puisque chaque petite histoire est filmée par un réalisateur différent : Olivier Assayas, Bruno Podalydès,  Joel et Ethan Coen, Gus Van Sant … Les stars du cinéma français et international ne manquent pas également : Fanny Ardant, Natalie Portman, Nick Nolte, Elijah Wood ...
Ainsi, c’est pratique et efficace : vous disposer de peu de temps mais voulez une jolie histoire d’amour, un couple qui se déchire, un mari qui tombe à nouveau amoureux de sa femme qu’il s’apprêtait à quitter, une mère qui tente de survivre à la mort de son fils, une rencontre entre vampires en plein cœur de Paris, un dialogue de sourd entre mimes parisiens, vous serez servis! Autant d’histoires qui pourraient occuper de longues heures mais qui, en quelques minutes, nous transportent à travers un paris souvent rêvé, fantasque et pourtant si proche.
Bastille, par exemple, est révélateur de la qualité de l'ensemble du film et nous donne envie de découvrir tous les autres, non ? :
 Paris je t'aime, Bastille, réalisé par Isabel Coixet

Le Faubourg Saint-Denis, le parc Montsouris, Montmartre, les quais de Seine, Pigalle, le Père Lachaise … autant de décors qui rendent possible le rêve.
Difficile de ne pas dire, avec Benoit Dorémus, à la fin de toutes ces histoires « Paris je t’aime »

 Paris, Benoit Dorémus

...
Oui oui oui
Paris, je t'aime
...


lundi 26 mars 2012

Quelle heure est-il ?


“Le temps n'a qu'une réalité, celle de l'instant” Bachelard, L’Intuition de l’instant

Difficile de s’y retrouver avec ces changements d’heure …
Très savoureux que ces quelques heures où nos horloges ne nous indiquent pas la bonne heure. Nous sommes dans une temporalité toute particulière. Quand le temps qui passe perd (presque) ses repères.
Un espace-temps disloqué, c’est bien le thème mis en bulles par Clarke dans la bande dessinée Nocturnes sortie en janvier 2012, aux éditions Le Lombard.


Cette atypique bande dessinée importe dans ses bulles une grande thématique théâtrale : l’interrogation et la justification de l’usage d’un espace, de la conscience et consistance des personnages et du cadre confiné pour faire exister une pièce.
On assiste d’ailleurs à une mise en abime toute théâtrale : les personnages de la fiction prennent corps et se rebellent contre leur dessinateur qui, peu à peu, les abandonne. Conscients qu’ils ne sont que des objets de papier, ils assistent à la destruction progressive du décor auquel ils appartiennent et dont ils dépendent.
Et tout cela sur fond de quête d’un père brigand qui, par sa mystérieuse disparition laisse sa famille sans le sous et une maison sous hypothèque ...
Ainsi, cette réflexion, presque philosophique, nous fait pratiquement perdre la tête : des personnages disparaissent parce que l’auteur virtuel les oublie, le décor se désagrège …
C’est au contraire un rapport au temps tout autre que l’on retrouve dans le film léger de Rémi Bezançon Le Premier jour du reste de ta vie (2008). Le film retrace des heures particulièrement primordiales pour chaque membre de cette famille apparemment modèle. Une belle façon de vivre notre passage à l’heure d’été.

Et puis, le refus du temps qui passe c’est ausi la jolie chanson d’Aldebert, avec son « Indélébile » (faux) hymne à la jeunesse.

Mais au fait, quelle heure est-il ?

dimanche 25 mars 2012

la vidéo du dimanche


« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon

Un peu de folie et de paranoïa avec un déluré "Everybody hates me" entre ciel et terre, avec l'apparition d'un lapin noir.

Mais non allons, on vous aime !

 Puggy, When you know

jeudi 22 mars 2012

Mon père ce héros


Il y avait en moi un être fabuleux, qui ne se réveillait qu'en présence de mes filles. Lent dehors (1991), Philippe Djian

L’image du père est souvent combinée à celle d’un héros indétrônable. Polyglotte parce qu’il sait compter en grec, artiste hors paire, parce qu’il sait conter des histoires comme personne et sportif de haut niveau parce qu’il fait … de la trottinette !
Voilà pourquoi il porte souvent le titre de ce film des années 90 :
Extrait du film Mon père ce héros  (1991)
Et puis on grandit et les blagues du paternel deviennent mois drôles. Ou alors on s’y est habitué. Ce qui n’est pas plus mal !
Mais ce qu’il y a de bien, avec un père, c’est qu’il reste persuadé que l’on est capable du meilleur.
L’amour paternel c’est silencieux, et c’est infaillible.
Ainsi, en plein jogging – difficile - il est capable de vous adresser un : « tu vois le coureur là bas ? Et bien le marathon, c’est son entrainement. Et un jour toi aussi ma fille… »
Et à ce moment là, on ne sait plus bien qui est le héros de qui dans l’histoire.
 Aldebert, Mon père ce héros

Mon père ce héros

mercredi 21 mars 2012

Moi je crois pas que les flageolets …


« Au plus eslevé throne du monde si ne sommes assis que sus nostre cul. Les Roys et les philosophes fientent, et les dames aussi. » Michel Eyquem de MONTAIGNE, écrivain français (1533 - 1592)
Non, ne rebroussez pas chemin. Promis juré, je ne ferai pas dans le graveleux ni dans le scatologique. Quoique ça pourrait plaire, non ?
Il faut dire qu’à l’heure de meurtres en pleine rue et dans les écoles, on aurait plutôt envie d’aller voir chez l’absurde si on y est.
Justement, pour du fantasque et du délirant, j’ai ce qu’il vous faut : allez donc voir Moi je crois pas! de Jean-Claude Grumberg au théâtre du Rond Point, avec Pierre Arditi et Catherine Hiegel. Il vous reste quelques jours pour aller découvrir cette courte et non moins délicieuse pièce de théâtre d’une heure dix.

Au départ pourtant, rien de très dépaysant : un couple, le temps qui coule, les habitudes et un dialogue qui s’épuise. La vie qui passe, en somme.
Et pourtant quand le rideau tombe, rien de plus surprenant que d’entendre Pierre Arditi nous avancer ses croyances en matière de flatulences …
Mais rassurez-vous, on y croit aussi plein d’autres choses dans ce Moi je crois pas! Si le début semble tout rabelaisien, la suite l'est beaucoup moins.
C’est en fait avant tout une parole qui comble un vide bien plus essentiel. Une absence. Un regret du temps passé, d’une complicité perdue.
La pièce est construite sur une accumulation de saynètes et de mise en scène d’une vie de couple. Monsieur croit, Madame ne croit pas. Ou l’inverse. 
Sur fond de discussion improbable et sujets aussi secondaires qu’essentiels - dont l’abominable homme des neiges, la vie après la mort, les documentaires animaliers ... - on découvre un amour non formulé et dont les absurdités qu'il crée finissent par nous attendrir.

L'amour y est mort ? Surement pas !

L'amour est mort, Jacques Brel
On y rigole beaucoup. On y est ému. C’est une pièce à voir quand tout perd de son sens et que l’on ne sait plus bien quoi faire pour en retrouver un.
Moi je crois qu’il faut la voir, cette pièce. 
Moi, je crois pas que les flageolets ...


Moi je crois pas! se joue jusqu'au 24 mars au théâtre du Rond Point à Paris. Tous les renseignements ici

dimanche 18 mars 2012

La vidéo du dimanche


“Au jour vénérable du soleil que les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés”
Décret de l’empereur Constantin (321)
Fin de week-end. Il pleut ...
Mais, "Hey jude, take a sad song and make it better"
 

samedi 17 mars 2012

Votez Mousse Mango !

“Ne me parle pas sur ce ton. Je suis rongé d’une tristesse auprès de laquelle la nuit la plus sombre est une lumière éblouissante” Alfred de Musset, Lorenzaccio, Acte III Scène 3.

Voilà la citation que j'avais utilisée pour parler du livre Chagrin d'École de Daniel Pennac dans le billet "Soyons optimistes"
Je ne savais pas encore que l'auteur me ferait, quelques semaines plus tard, une petite dédicace ... personnalisée !

Rien de mieux qu'un tour au Salon du Livre pour retrouver la "lumière éblouissante" : une revigorante discussion avec Frédéric Pommier, un échange avec Philippe Delerm et un joli dessin de Daniel Pennac ...

Allez-y, on s'y amuse bien !


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Et surtout : votez Mousse Mango !
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vendredi 16 mars 2012

Dis-moi quel dévoué tu es … #2


“J’aime mieux être guillotiné que guillotineur” La mort de Danton Georg Büchner, Acte I scène 2
Chose promise chose due ! Après le Dévouement Acte 1 d'hier, voici le Dévouement, Acte 2 !
Le dévouement c’est donc le don de soi. Comme ces artistes des Enfoirés qui passent à la télévision une fois par an ? Peut-être mais disons plutôt un penchant extrême au don de soi qui peut, parfois, nous faire sombrer dans l’auto-destruction. Le dévouement est comme le miroir sombre de la gentillesse.
S’il y a bien un personnage de la littérature qui s’abandonne par dévouement, c’est l’héroïne de Stefan Zweig dans la formidable et hypnotisante nouvelle Lettre d’une inconnue. Cette femme, dont l’identité reste un mystère, nous dévoile sa vie et son histoire à travers la lettre qu’elle a envoyée à son amant éphémère. Cet éternel Don Juan ignore pourtant tout d'elle. Comble de la trahison, même son souvenir a disparu.
A travers ses lignes, on découvre un dévouement qui prend la forme de l’obsession et du délire amoureux. Une dévouement mortel, littéralement.

« Mais crois-moi personne ne t’a aimé aussi fort, comme une esclave, comme un chien avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis toujours restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre, cet amour est si désinteressé, si humble, si soumis, si attentif, si passionné  que jamais il ne pourra être égalé par l’amour fait de désir et malgré tout exigeant d’une femme épanouie » P 344, Le Livre de Poche, I Romans & Nouvelles
Il y a de la folie, finalement, dans ce dévouement total.
Et l’on est reconnaissant à Stefan Zweig d’avoir limité cette folie à quelques dizaines de pages, tant elle nous envahit, nous ronge, nous dévore. Cette nouvelle est fascinante. Effrayante aussi.
Pour les interstices de l’épopée, je vous laisse tourner les pages !
Le dévouement, c’est peut-être un sentiment à mi-chemin entre l’instinct de protection, et l'oubli de soi qui nous promet une chute certaine, ou nous mène à la folie douce de dire, à l’image de l’héroïne invisible de Zweig « I don’t know you but I want you » 


...
Dis-moi quel dévoué tu es … #2
FIN
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Et il est toujours possible de me proposer les sujets ou les thèmes de votre choix en m'écrivant à l'adresse : mousse.mango@yahoo.fr

jeudi 15 mars 2012

Dis-moi quel dévoué tu es … #1


“J’aime mieux être guillotiné que guillotineur” La mort de Danton, Georg Büchner, Acte I scène 2
Suite à mon précédent post The Artist (publié aussi sur facebook) qui présentait sous vos yeux ébahis (ou pas) une petite création Mousse Mango, et dont l’imitation des publicités Monoprix a été rapidement démasquée, il m’a été proposé de rédiger un billet sur le dévouement.
Le dévouement est proche de la gentillesse et de la petite réflexion que j’avais déjà eue ici.
Emmanuel Jafferin dans son Éloge de la gentillesse décrit cette qualité en ces termes :
« Si la gentillesse ne sauve pas elle a toutefois le mérite de réparer : elle prodigue confort et réconfort. Elle remet le touriste sur le droit chemin, qui mène à Rome, comme tous les chemin. Elle donne du tonus à celui qui a du vague à l’âme »
Pourtant, le dévouement se distingue de la gentillesse par une tendance à être plus extrême. La où le gentil conserve une distance avec autrui tout en étant dans l’empathie, le dévoué va jusqu’au total oubli de soi pour l’autre.
Il y a une dimension de souffrance et de malheur dans le dévouement que ne contient pas, il me semble, la gentillesse, bien plus pétillante. Le dévouement c’est bien vouloir être guillotiné plutôt que guillotineur. On a vu plus joyeux …
D’ailleurs, si le dévouement était une peinture, elle serait surement La Mendiante d’Hugues Merle, œuvre poignante d'émotion exposée au Musée d'Orsay :

Le regard angélique / parce que le dévoué est un gentil particulier
Le bras avancé / parce que le dévoué est dans le don
Des larmes qui coulent / parce que le dévoué n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur
...
Dis-moi quel dévoué tu es … #1
Dis-moi quel dévoué tu es … #2 => à demain !

Et si vous aussi, vous voulez un petit billet sur le sujet de votre choix, n'hésitez pas à poster un commentaire ou à écrire à mousse.mango@yahoo.fr

mercredi 14 mars 2012

On a tous quelque chose en nous de 14 mars


"Perdre, mais perdre vraiment, pour laisser place à la trouvaille." Guillaume Apollinaire

Il est des pertes qui ne laissent place à rien.
Il est des journées plus difficiles que d’autres.
Ces jours anniversaires où le décompte n’est pas pour la vie, mais pour son contraire.
Ces jours où tout est tourné vers le passé et les souvenirs.
Et l’on se souvient, justement, à l’image de ce que l’on faisait lorsque les tours jumelles se sont effondrées, de ce que l’on faisait lorsqu’on a appris une triste nouvelle.
On se souvient d’un réveil brutal. D’une sonnerie de téléphone. D’une doctoresse qui nous parle. D’un « Mais qu’est ce qui se passe ? », prononcé avec innocence mais fausse naïveté puisque l’on a déjà bien compris, précisément, ce qu’il se passe. D’une confusion qui masque le refus d’importer dans la réalité cette nouvelle encore dissimulée. 
Ces souvenirs qui ne font sens que pour nous.
Pourtant, l’histoire individuelle se mêle parfois à l’Histoire elle-même. Avec le film Une journée particulière, Ettore Scola croise le destin d’un homme à celui de l’Italie mussolinienne.
Pour voir un extrait, cliquez sur: Une journée particulière
C’est en réalité deux êtres qui vont se rencontrer dans un Rome désert alors que toute la population assiste à la rencontre entre Hitler et Mussolini. Alors même que l’on ne voit rien de la violence physique, puisque l’on suit la touchante rencontre de ces deux individus, on ressent le drame de leurs deux vies solitaires et dévastées par un régime d’une brutalité inouïe.
Parfois, la mémoire de notre drame individuel se mêle à celui d’une autre échelle. Quant à savoir lequel nous fait le plus de mal …
On a tous une journée particulière
On a tous quelque chose en nous de 14 mars
...

mardi 13 mars 2012

Jean, Marc, et moi


"Il faut toujours prendre les choses à la légère et les supporter avec bonne humeur, il est plus humain de rire de la vie que d'en pleurer" Sénèque
Avez-vous remarqué la dernière campagne publicitaire d’IKEA ? Il me semble qu’elle reprend à peu près cette philosophie de Sénèque !
Pour fêter ses 30 ans d’existence, le plus célèbre magasin suédois a mis en place toute une campagne d’affiches sur le mode « 30 ans de vie commune, c’est un beau début ». Sur fond de jeu de mots sur le thème de la ténacité d’une vie de couple, la marque met en image des étapes décisives de la vie. En soi, rien de bien méchant, certes.
Pourtant, l’humour, tout particulier, peut laisser, disons, interrogateur …
Ainsi, on peut voir dans le métro parisien notamment :


Jean et moi, on n’a pas dû avoir le même premier salaire …
Une autre affiche nous prend peut-être encore plus au dépourvu :


L’idée de prendre la vie du bon côté est quelque peu poussée à l’extrême. Mais après tout, pourquoi pas.
Et la marque a cela de malin : on a du mal à identifier qui est le plus malheureux dans l’histoire. Elsa ? Marc ? Les porte-chaussures ?
Et comme certains cherchent surement à compatir – comme moi -  pour le plus malheureux, on est mal à l’aise face à cette incertitude. Plus que par l’anti-politiquement correct que cette affiche contient, elle nous dérange par le flou qu’elle installe. IKEA a gagné.
Et Marie Laforet aussi :
Marie Laforêt, Ivan Boris et moi
Jean, Marc, et moi


dimanche 11 mars 2012

La vidéo du dimanche


« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Un joli clip et une jolie chanson pour oreilles dominicales !
 

vendredi 9 mars 2012

The Artist

 "Je ne cherche pas, je trouve" Pablo Picasso

Question du jour: devinerez-vous de qui s'est inspiré Mousse Mango aujourd'hui ?

Et qu'en pensez-vous d'ailleurs ?
À vos plumes les amis !
 
...
Ne cherchez pas, trouvez !
...

jeudi 8 mars 2012

Marche à l’ombre


« Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. » Epictète

Quoi de plus viril que la mafia, les flingues et l’honneur qu’on défend en étant à la mafia, avec son flingue !
Devenir pompier ou aviateur, cela traverse la tête de tout petit garçon. Classique.
Mais devenir mafieux ? Bonne question …
Ainsi, alors que tout le monde ne parle que de la journée internationale de la femme, je vous propose de parler … de l’homme. Ou plutôt d’un homme. 
Nom : Roberto Saviano.
Profession : écrivain et journaliste italien
Signe distinctif : recherché par la mafia italienne
Non, vous n’êtes pas dans un épisode du Parrain de Francis Ford Coppola. Mais bien dans la réalité.
Auteur de l’ouvrage Gomorra sur la Comora, la mafia napolitaine qu’il décrit dans ses moindres détails, Roberto Saviano vit ou plutôt survit entouré de ses escortes permanentes.

Victime de son succès, il a attiré les foudres de la Comorra qui l’a menacé et le menace encore de mort.
Héros malgré lui, cet Italien confiait au micro de Philippe Collin sur France inter ce jeudi 8 mars qu’il n’était pas sûr que la cause, toute juste et belle qu’elle soit, en vaille la peine :
« Si j’avais su je ne l’aurais pas fait ; Dire que ça valait le coup ce serait stupide. Je suis fier d’être réalisé en tant qu’écrivain. Mais ça ne valait pas la peine de perdre ma propre liberté. Et surtout que ma famille perde sa liberté. Ils n’ont pas choisi de vivre ma vie, eux. »
Pourtant, comme si sa seule revanche possible était de continuer son combat, il récidive avec la publication d’un nouvel opus : Le Combat continue. Résister à la mafia et à la corruption.
Destin fou que celui de cet homme. Héros ordinaire. Devenu homme extraordinaire. Et qui confie également à notre grand étonnement :
« Ma vie n’a rien d’héroïque ; elle est très ennuyeuse. Vivre sous escorte avec sept carabiniers c’est pas facile du tout »
Nous sommes loin du (presque) sympathique Corleone dont la musique nous fait toujours autant vibrer. Les menaces ici sont bien réelles. Et l'on ne peut que saluer son courage et sa détermination ...


Marche à l’ombre

mercredi 7 mars 2012

C’est quand le bonheur ?


“Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage” Joachim Du Bellay


Le voyage, la mer, les petits oiseaux …
Non, ce n’est pas encore l’été. Alors, pour conjurer le sort, il y a toujours la possibilité de faire une lecture … estivale, pour ne pas dire légère et les tongs aux pieds.
A première vue, En cas de bonheur de David Foenkinos répond bien à nos exigences. 


L’auteur de La Délicatesse (qui a donné lieu à ce joli film éponyme) nous propose, avec cet opus, un court roman digne des meilleurs vaudevilles.
Un couple parfait que tout le monde estime et admire; une fille – Louise - qui réussit en tout; des beaux-parents ennuyants; une maitresse pour Monsieur ; une lassitude pour Madame ; et puis une agence de filature engagée par Madame pour faire suivre Monsieur; Madame qui finit dans le lit du fileur de son futur ex-mari ; et puis Monsieur qui fait à son tour filer Madame maintenant qu’elle a disparu; et Monsieur qui ignore être lui-même filé et ce, par le cousin du premier détective. Bref, tout y est. Du vrai, et du bon, théâtre de boulevard.
En surface oui. Parce qu’en dessous s’y cache bien plus. Les réflexions qu’on y trouve sont des pépites de justesse et posent des questions existentielles.
Et surtout ces mêmes questions qui nous obsèdent de génération en génération : fait-on réellement les bons choix ?
Ainsi, quand la belle-mère avoue à sa fille l’existence d’un amant qu’elle s’est refusée à suivre des années plus tôt dans sa Venise natale - une vérité longtemps enfouie - c’est en ces termes que l'aveu prend forme :
« La suite, elle était simple la suite, et elle était idiote la suite. Ils entamèrent une liaison qui se situait bien au-delà de la possibilité de toute culpabilité. (…) Marcello devait retourner à Venise (c’était la cerise, il habitait Venise). Il proposa à Renée de venir avec lui, et ce fut le début du drame de sa vie. (…) Tant de regards pesaient sur Renée ; le poids de toutes les générations de femmes la précédant. »
Nous sommes extrêmement proche du sublime film Sur la Route de Madison de Clint Eastwood où le renoncement à l’épanouissement personnel pour les convenances l’emporte. Mais nul ne dit que l’un est mieux que l’autre puisque les deux font des ravages.
Voir le bande-annonce : Sur la route de madison
Le roman comme le film mettent en scènes des cas de bonheur qui tombent comme des cheveux sur la soupe, sans prévenir. Et des courages à prendre des décisions complexes. En quête de bonheur.
C’est quand le bonheur ?
Envie d'en lire davantage sur les rencontres du "bon moment" ? Lisez donc La vie ne tient qu'à un fil

mardi 6 mars 2012

À vos griffes


"Ce dont on ne peut parler, c'est cela qu'il faut dire"
Valère Novarina
Se parler, c’est compliqué. C’est sûr, quand on est un chat, on n’a pas ce problème !
Qu’il fait bon être un chat pour ne pas s’encombrer des méandres du discours !
Dans le film Une Vie De Chat - malheureusement passé quelque peu inaperçu à la sélection des Oscars (catégorie Meilleur Film d’Animation) – nombreux sont les personnages qui parlent à leurs dépens. Dino tout d’abord, le félin et héros qui vit une double vie : chat fidèle et câlin le jour, compagnon du voleur, mais non moins attachant Nico, la nuit. Il nous révèle, à son insu, notre goût mêlé pour une vie de confort et d’aventure. L’insatisfaction constante à ne vivre que dans un train-train quotidien. Un peu de vagabondage, d’incertitude et d’adrénaline, « ça peut pas faire de mal » (comme dirait Guillaume Gallienne).
Zoé, quant à elle, plus que nous faire rêver, nous fait réfléchir sur le sens du discours et des paroles. Cette fille de la commissaire de police s’est muée dans un mystérieux silence depuis, semble-t-il, l’assassinat de son père. Pourtant, les mots reviendront quand, précisément, il faudra dire ce dont on ne peut parler. Bref, quand le danger se fera jour.

Parce que si la sélection dans la catégorie « Meilleur Film d’animation » laisse présager un public enfantin, soyez certains que les adultes peuvent trouver matière à réflexion.
Ce qui est enfantin, en revanche, c’est cette campagne, un peu ridicule, contre les abandons des animaux.


Ce qui est enfantin, en revanche, c’est un monsieur qui, sorti de nulle part au Salon de l’Agriculture alors que j’admirais gentiment un bel âne (!) me lance, l’air effaré : « Vous savez combien d’ânes sont morts pendant la Première Guerre mondiale ?? » Non je ne sais pas. Mais je pense que là n'est peut-être pas le fond du problème ... Mais ça, étant donné sa détresse manifeste, je ne le lui ai pas dit …
Ce dont il ne faut pas parler, voilà ce que l'on ne peut pas dire !



lundi 5 mars 2012

La tête sous l’eau


" La mer n'appartient pas aux despotes. À sa surface, ils peuvent encore exercer des droits iniques (…). Mais à trente pieds au-dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s'éteint, leur puissance disparaît! Ah! Monsieur, vivez, vivez au sein des mers! Là seulement est l'indépendance! Là je ne connais pas de maîtres! Là je suis libre !” Vingt Mille lieues sous les mers. Jules Verne. Première Partie. Chapitre 10.

Les eaux thermales de Vichy, les bains de pieds ou les très en vogue « fish pédicures » … les bienfaits de l’eau semblent s’imposer à nous comme des évidences.
A croire qu’il faille céder à Jules Verne, et dire que c’est l’eau qui nous attire !
L'eau, Jeanne Cherhal
Et puis parfois, l’eau nous prend  au dépourvu.
Nous étions allés à la piscine pour essayer de tout oublier et de noyer nos inquiétudes pendant une heure sous le mouvement saccadé de nos bras en crawl. Mais l’eau a raison de nous. Et nous voilà plutôt à nous débattre dans un combat où seule la fuite en avant nous est proposée. Nous avançons, désespérément, pour ne pas sombrer. Et la lutte quotidienne devient lutte en action.
Pour illustrer ce phénomène, j’aurais pu vous proposer Direction la Piscine de Florent Nouvel ... mais aujourd’hui ce sera plutôt La Fuite En Avant de Debout Sur Le Zinc :

Après ces nombreuses minutes de natation écoulées, il est certain que l’on se sent victorieux. Nous avons eu raison des flots, malgré tout. A l’improviste.
Et la tête sous l’eau
….

Et puis finalement, on est peut-être tous un peu Piscine love, non ? Écoutez donc l'opus éponyme de La Chanson du Dimanche en cliquant ici !

dimanche 4 mars 2012

La vidéo du dimanche



“Au jour vénérable du soleil que les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés”
Décret de l’empereur Constantin (321)
Comme promis, en lien avec le post Les filles, ça boude, voici une vidéo pour rire un peu :



samedi 3 mars 2012

Venez comme vous êtes !


“Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.”
Jean De La Fontaine

Les grandes marques nous assaillent de slogans tous plus percutants les uns que les autres.
Celui, célèbre et malin, de McDonald’s “Venez comme vous êtes” est particulièrement rusé parce qu’il nous interpelle, avec nos imperfections, nos rides, nos kilos, nos bagues aux dents ou nos cannes dans la main… Bref, il nous parle à nous et comme nous sommes.




Et je me demande pourquoi ce slogan marche tant.
Certainement parce qu’il entre en collision frontale avec ce à quoi nous sommes tant habitués : des top modèles beaux à en tomber, remplis, eux de perfection absolue et répondant aux canons de beauté.

Des êtres qui ne viennent pas comme nous sommes.
Des êtres bien loin de notre réalité et à qui l’on a envie de dire « Vous vous êtes et nous, nous sommes ».
Des hommes pareils de Francis Cabrel.
Mais la solution c’est peut-être d’être convaincu que l’on est bien beau dans nos pantalons Zara ou, comme Barney (How I Met Your Mother) dans nos costards quotidiens ….
Nothing suit me like a suit, Barney Stenson (How I met your mother)
...
Venez comme vous êtes
...

jeudi 1 mars 2012

Je t’aime, moi non plus


« Je ne voudrais pas arriver à la fin de ma vie et découvrir que j’en ai vécu que la longueur. Je voudrais en vivre aussi la largeur et la profondeur » Diane Ackerman
Dans un billet précédant intitulé « la vie ne tient qu’à un fil », je vous disais que les  rencontres ne tiennent, souvent, qu’à des détails. Et si l’on mesurait la portée de nos actes quotidiens lorsque l’on passait le pas de sa porte pour affronter la vie tous les matins, on resterait certainement terré chez soi de peur de manquer un regard, une parole, un geste qui nous projetterait dans ce que serait, véritablement, notre vie.
Le célèbre groupe de rencontre Meetic a bien compris cet état d’esprit et en a même fait un motif de campagne dernièrement pour la Saint-Valentin. Vous avez peut-être vu ces grandes affiches à vos arrêts de bus, dans le métro ou sur le chemin de votre travail : 
 










Cette campagne est particulièrement rusée qu’elle a recourt à l’imaginaire du conte si ancré dans notre société : un beau prince charmant qui n’attend que le bon moment pour se manifester…
A croire que le ressort de la rencontre et de son moment opportun est porteur, puisqu’il s’agit également de celui utilisé par le beau film éperdument romantique de Richard Linklater, Before Sunset

Dans cette histoire, Jesse et Céline se retrouvent à Paris après une première éphémère et unique rencontre, neuf ans plus tôt, à Vienne. Désormais, lui est marié et auteur d’un best-seller ; elle défend l’environnement et cumule les échecs amoureux. La mise en scène est tout aussi amusante qu’osée : elle consiste en une seule conversation, celle de ces deux ex-amants qui déambulent dans Paris. Et pourtant, ils parviennent à nous captiver, à nous attendrir, à nous transporter dans leurs interrogations, finalement universelles.
Aucun des deux, malgré les années, n’a pu oublier cette rencontre fondatrice. Aucun des deux n’a véritablement pu passer à autre chose.
A travers une réflexion anecdotique – qu’aurait été leur vie si Céline avait pu se rendre comme prévu à leur rendez-vous donné, peu après leur rencontre à Vienne ? – le couple nous interroge sur les décisions que nous prenons, les aléas de la vie et les mystères de la vie amoureuse.
Quant à savoir si Jesse chante « You could be my unintended choice »  … regardez donc le film ! 
 Muse, Unintended
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Je t'aime, moi non plus
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