mercredi 29 février 2012

Les filles, ça boude !


“On ne naît pas femme, on le devient.” Le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir
Certes, mais le problème c’est qu’on naît blonde et qu’on ne le devient pas !
Si les blondes subissent les célèbres « blagues blondes » c’est, évidemment, parce que toute la gente féminine est … jalouse ! Elle leur envie leurs belles formes et leur allure à couper le souffle.
C’est bas. C’est vil. C’est petit.
Les blondes Anne Sylvestre
Finalement, les blondes, c’est un peu le genre de filles qui, même avec un gros mal de mer, restent classes. Et ça, ça fait mal.
Le genre de fille « qui d’un battement de cil font tomber tous ces messieurs. » :
Chansons de Filles, Little
Mais l’avantage c’est que blondes, brunes ou rousses, les filles, ça boude !
Alors, on finit par renoncer. Envier la gente masculine. Celle qui peut faire ce qu’il faut sans chercher désespérément des toilettes :
 Pisser debout, GiedRé
Ah si j’étais un homme !
Et la vidéo du dimanche, cette semaine, sera en lien avec cet post ...
(Non, ce ne sera pas Diane Tell!!)

mardi 28 février 2012

Trouver sa place


« Rien ne saurait retracer quelle était la confusion de mes pensées lorsque j’allai au fond de l’eau (…) il me fut impossible de me délivrer des flots pour prendre respiration. » Robinson Cruzoé, Daniel Defoe

Un végétarien qui se serait perdu au salon de l’agriculture.
Un culturiste qui tenterait de jouer à l’équilibriste.
Un nudiste qui aurait échoué en Sibérie.
Ces situations improbables (et moins tragiques que celle de Robinson, certes ! ) où l’on comprend bien que l’on n’est pas à sa place.
Ne pas se sentir à sa place, voilà qui rend incompatible un lieu et un état d’esprit.
C’est le cas, par exemple des personnes d’origine étrangère. Le sociologue Abdelmalek Sayad parle à leur égard de la « double absence »[1] telle une double peine : ni véritablement d’ici, ni véritablement d’ailleurs, ces individus souffrent d’un décalage où qu’ils soient.
Récemment, c’est le "Alone Man Show" de Pascal Legitimus qui a excellemment mis en scène cette double absence.
Entouré par une armoire noire (sa moitié antillaise) et une armoire blanche (sa moitié arménienne), l’humoriste met à nu ces incertitudes et sa difficile quête d’une identité.
« J’étais comme un cachou dans un bol de riz » y explique-t-il :

Des vidéos du spectacle sont disponibles ici par exemple


Plus légèrement, ne pas être à sa place c’est aussi se retrouver là où l’on ne veut pas être … à la piscine par exemple :
Direction La Piscine, Florent Nouvel
Trouver sa place





[1] La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré. Paris, Seuil, 1999, 438 p. Coll. "Liber".

lundi 27 février 2012

Ma fuite s’appelle revient !


« Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire des ténèbres futures »
Bohémiens en voyage, Baudelaire, Extrait des Fleurs du Mal

Je vous parlais dans un post précédent (Buongiorno Italia) de l’aspect potentiellement salvateur de la fuite. Elle semble, il est vrai, parfois, le seul recours.
Un sauve-qui-peut que l’on espère réparateur.
Mais, étrangement, la fuite va souvent de paire avec un voyage en solitaire à la Into The Wild.
Affiche du film

Or, précisément, se retrouver en tête à tête avec soi-même suppose un tête à tête avec … ce que l’on fuyait ! Tous les paysages du monde ne changeront pas nos pensées. Ce qui les change ce sont au contraire les personnes avec qui nous pouvons partager notre fuite. Parce qu’il n’est pas question de finir comme le héros assez peu attachant d’Into The Wild qui a tout fui pour partir vivre en Alaska : seul et en ayant vécu ses plus beaux moments en solitaire.
Si l’on dit, communément, que le voyage forme la jeunesse c’est parce qu’il invite à la rencontre et à la débrouillardise.
S’il est si présent dans l’œuvre de Baudelaire, c’est qu’il est poétique.
Tout cela en fait un moment stratégique et fondateur pour trouver son équilibre dans le fragile exercice de construction. 
La fuite apparaît alors peut-être davantage comme une parenthèse dont on apprécie les bienfaits précisément parce que l'on sait qu'on y mettra fin. Le retour est un horizon. Un quotidien amélioré en est la quête.
"Dans ton exil essaie d'apprendre à revenir, mais pas trop tard" aurait-on envie de dire (avec Jean-Jacques Goldman) à un proche en quête d'ailleurs :
 Puisque tu pars, Jean-Jacques Goldman
...
Ma fuite s'appelle revient !
...

dimanche 26 février 2012

La vidéo du dimanche


“Au jour vénérable du soleil que les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés”
Décret de l’empereur Constantin (321)
Connaissez-vous l’émission de France inter « la prochaine fois je vous le chanterai » de Philippe Meyer ?
Il y propose, entre autre, une rubrique « A deux c’est mieux » : une chanson interprétée par deux chanteurs différents. Souvent décalée et très amusante, cette émission est un petit trésor remplie de belles découvertes.
Ici, je propose à vos oreilles dominicales (plus modestement) un même thème mis en mots par deux artistes.
C’est beau, je trouve.

Mademoiselle, Zaza Fournier 
Le beau clip officiel de Zaza Fournier est là : Mademoiselle

Comme ils disent, Charles Aznavour

vendredi 24 février 2012

Black Blanc Beur


« Je suis Français par hasard et homme avant tout » Montesquieu
En 1998, avec la victoire de la coupe du monde de football, le brassage de la population française était devenu une marque de fabrique, synonyme de gloire.

En 2005, les désormais célèbres « émeutes de banlieues » révélaient que cette image idyllique et cette époque fastueuse étaient révolues.
Les sociologues nous disent que cela est bien plus profond qu’il n’y paraît. Quand le sport permet de célébrer l’esprit d’équipe et du collectif, il ne peut gommer des années d’une immigration basée sur des purs besoins économiques et d’une décolonisation mal organisée. Des rancœurs emmagasinées et exprimées aujourd’hui par les nouvelles générations envers des symboles même de la République
En effet, comme l’écrit notamment le sociologue Laurent Mucchielli, « il s’agit d’une période où, dans les quartiers, on a fabriqué en masse des jeunes aigris, enragés, des jeunes qui ont aujourd’hui de 25 à 30 ans ».[1]
Cette problématique vue sous un autre angle, celui de la musique donne aussi ces deux analyses que je trouve toute aussi amusantes que pertinentes :



[1] Les émeutes urbaines : formes élémentaires de la contestation, Laurent Mucchielli, 2006, citant Stéphane Beaud et Michel Pialoux (2003, 21-22)

mercredi 22 février 2012

Il était une fois l’enfance



“Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. (…) J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi.” A la recherche du temps perdu, Marcel Proust
L’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût et la vue.
Souvent dissociés pour mieux être appréhendés, nos cinq sens sont parfois entremêlés. Et c’est peut-être précisément dans ce mélange que se loge leur pleine expression.
Les souvenirs d’enfance sont d’ailleurs typiques de ce phénomène.
Une balançoire de camp de vacances qui nous rappelle nos nombreuses après-midi de chamaillerie, un dernier virage d’un long périple qui laisse se découvrir la maison de vacances, une porte grinçante qui a l’odeur particulière des fins de veillées de colonie  ou encore une montagne qui nous plonge dans nos fameuses randonnées perçues avec nos yeux d'enfants comme des aventures d'une extraordinaire audace …

Un paysage de vacances rempli de doux souvenirs, comme tant d'autres

Et finalement, un lieu qui finit par sentir l’enfance elle-même. Toute la difficulté consiste alors à réimporter du souvenir neuf dans ce lieu si connoté dans le passé. Lui donner une deuxième vie.
Les choses ont cela d’extraordinaire : elles ne demandent qu’à trouver une fin, à la fois sous la forme de finitude et d’objectif.
Les enfants ont cela d’extraordinaire : ils redonnent vie, sans même nous prévenir, à tous nos souvenirs.
Il était une fois l’enfance
Et parce qu'accepter de grandir c'est aussi assumer ses propres souvenirs comme tels, tout en refusant de dire que "les choses ont gagné, c'est leur territoire":


lundi 20 février 2012

Vive le vent …


“Ce n’est pas la girouette qui change, c’est le vent qui tourne”, Edgar Faure
Souvent, il y a cette étrange impression : les choses ne vont pas comme nous le souhaiterions alors même que nous avons toutes les cartes en main pour qu’il en aille autrement. Pourtant, manifestement, un élément nous échappe.
Et un jour on se rend compte que la situation précédente s’est transformée. C’est indéniable : les choses évoluent, changent. Et souvent en bien.
En réalité, c’est peut-être Edgar Faure qui a raison : ce n’est que le vent qui tourne.
C’est d’ailleurs peut-être parce que c’est une histoire de vent que les belles choses arrivent quand on s’y attend le moins. Un appel pour un entretien quand on a des chaussures de ski au pied et la tête dans les nuages. La réussite d’un concours la veille de la rentrée. Recevoir un coup de fil d’Australie quand on est perdu dans les montagnes arméniennes.
En cette période de début de Carême (et que l’on croit ou non en Dieu), il est plaisant de remarquer combien c’est dans les situations de manque que l’on mesure les bienfaits des imprévus et des plaisirs quotidiens.
Et de l’inattendu
De ne pas négliger l’inattendu
Et parce que l’imprévu c’est aussi un télésiège qui s’arrête quand il ne faut pas : 



dimanche 19 février 2012

La vidéo du dimanche


« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Il me semble qu’un 14 février est passé par là alors …
Valentine, Kina Grannis
Et puis comme petit cadeau de vacances, voici une deuxième vidéo du dimanche pour vous faire patienter quelques jours avant le retour des posts quotidiens.
Take this Waltz, Leonard Cohen
Bonnes vacances, glissades, air pur et revigorant !

vendredi 17 février 2012

Buongiorno Italia


“Une dernière pensée désespérée traversa son esprit : Fuir ce rocher maudit ! ” Les 40 jours du Musa Dagh, Franz Werfel, page 665
Partir.
Partir loin.
Il arrive que seule la fuite nous semble un horizon capable de nous sauver.
C’est en tout cas comme cela que Sandro, le héros du poétique roman de Philippe Fusaro, L’Italie si j’y suis, appréhende son périple à travers l’Italie avec son fils Marino, suite à une violente rupture.

« Ici
Sur l’autoroute
Je prends la fuite
Ne me retourne pas
La ville est dans mon dos
Je ne regarde pas dans le rétroviseur
Je ne pense qu’à filer, porté par le vent du soir et ma tristesse s’écoule sous le châssis, goutte sur l’asphalte. » p.31



Tout en faisant face à la brutalité de la vie et à ses soubresauts, cette nouvelle nous fait entrer dans un monde de douceur et de rêverie. 
Parce que ce n’est pas un simple voyage réparateur. C’est des retrouvailles entre un fils et son père. C’est un conte dans lequel le premier ne quitte pas son costume de Youri Gagarine que son grand-père lui a ramené de Russie. C’est une visite de l’Italie telle qu'on ne l’a jamais faite et qu’on ne la fera jamais. C’est monter à bord d’une Alfa Romeo remplie d’incertitudes et de quête de la certitude. C’est prendre la route pour on ne sait où.
C’est voir apparaître le héros du jeune Marino, Youri Gagarine, réconfortant cet enfant dans ses moments de doute, à l’image d’Eric Catonna dans le célèbre film Looking for Eric.

C’est se demander pourquoi cette petite merveille sans prétention n’a pas déjà été interprétée au cinéma tant le scenario s’y prête.
C’est se dire que l’on enfourcherait bien sa Vespa pour partir à la quête d’une quelconque certitude, quelque part entre Rome et Naples. 
...
C’est partir.
C’est partir loin.
...

L'Italie si j'y suis, Philippe Fusaro, Édition La Fosse aux ours, 2010, 173 pages, 16 euros

jeudi 16 février 2012

J’vais devenir un vaurien, c’est sûr !


« Ministre : dernier terme de la gloire humaine » Dictionnaire des idées reçues, Flaubert (extrait de Bouvard et Pécuchet)
L’accomplissement de soi, voilà qui est très en vogue. Reconnaissance suprême, le ministre, selon l’imaginaire collectif mis en mot par Flaubert, a donc atteint un échelon non égalable. Un piédestal duquel seule la chute semble annoncée.
Quand la campagne électorale est belle et bien lancée avec des candidatures qui se déclarent (et d’autres qui se déclinent), ces réflexions sur le sens et la légitimité que ces prestigieux statuts confèrent semblent d’actualité.
Tout comme un jeune diplômé n’a que sa force intellectuelle à offrir à son premier employeur, il semble que le décalage entre le savoir technique et analytique soit particulièrement criant pour ces hautes fonctions.
Gérard Oury l’avait d’ailleurs merveilleusement compris avec la réplique sans concession qu’il intègre à sa célèbre Folie des Grandeurs :
Extrait de La folie des grandeurs
A croire que ce souci de l’avenir est intergénérationnel. A travers ce monologue cinglant de justesse, ce petit Nicolas nous dévoile que l’amour, tout autant que la gloire est un mystère que  seul le temps semble capable de démêler.
Quartier libre de Caroline Cartier (France inter)
Dites, elle arrive quand la gloire humaine ?
...

mercredi 15 février 2012

C’est pas gagné d’avance, mais …


« Pour obtenir le don de persévérance, il résolut de faire un pèlerinage à la sainte Vierge. » Bouvard et Pécuchet, Flaubert
La persévérance est un dur labeur.
On m’a déjà adressé, dans des moments difficiles, la phrase “la lumière est au bout du chemin”.
Bien que cette phrase soit, comme beaucoup d’autres, une formule toute faite, elle en dit long sur l’espoir qu’il est nécessaire de conserver, en toute circonstance. Elle a d’ailleurs l’avantage de ne pouvoir se tromper et est proche du phénomène de spéculation : quand tout est désespérément sombre, l’avenir ne peut qu’être meilleur ! Et vu sous cet angle, tout paraît bien plus facile.
Loin de l’obstination proche de la bêtise de Bouvard et Pécuchet (Flaubert avait pensé au sous titre Encyclopédie de la bêtise humaine pour son roman éponyme), Sherlock Holmes, mis en scène dans le deuxième opus Sherlock Holmes 2 : jeux d’ombres, nous offre justement une belle panoplie de persévérance. 
Certes, ce film n’est pas un chef-d’œuvre. Le début est lent et nous impose de longues scènes de coups de poings relativement inutiles à mon sens. Mais tout se joue ailleurs. Dans la force que Sherlock puise à croire profondément et obstinément en la justice et le soin qu’il prête à accomplir la mission qu’il s’est attribué. La légèreté avec laquelle il aborde le sérieux de cette quête de la paix mondiale. La capacité à appréhender des situations cruciales avec distance.

Éperdument détaché du qu’en-dira-t-on (jugez en par ses farfelus déguisements !), ce héros nous donne du courage pour combattre la bêtise du genre humain et persévérer en tout.
Parce que c’est certain,  c’est pas gagné d’avance mais « la lumière est au bout du chemin » 
C'est pas gagné d'avance, de Vincent Baguian (interprétée par Vincent Baguian et Marjolaine Piémont)

mardi 14 février 2012

On va s’aimer


“Au commencement était la répétition” Yves Bonnefoy
Le 14 février, on doit s’aimer. Tout le reste n’est qu’encombrement, rabat-joie, tristesse.
Tout le reste qui rappelle que l’essentiel n’est peut-être pas dans cet étalage momentané de bonheur.
Parce que tout comme le serveur amène ses plats, il faudrait ce jour commander des mots doux. Pourquoi pas, après tout. Ils ne font de mal à personne ces mots doux. Excepté à ce reste d’encombrement, de rabat-joie, de tristesse.
Si la répétition, avec Yves Bonnefoy est une ressource à la création puisque le même mot n’est jamais, en réalité, identique tant il est contexte – ceux avec lesquels il est associé - et mémoire – ceux auxquels il se rapporte -, il reste que le 14 février est un perpétuel recommencement de bons sentiments qui perdent, par leur nécessité, de leur saveur.

"14 février", extrait du Calendrier perpétuel 365 jours avec Sempé

Parce que ces fleurs bleues rendent cet inconnu à l’humour décalé si attachant et nous rappellent que les surprises du quotidien sont le meilleur contrepied à ce 14 février :
Jeanne Cherhal, Parfait Inconnu
Et parce qu’encombrement, rabat-joie, tristesse.

lundi 13 février 2012

Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ?



“L’espérance est une disposition de l’âme à se persuader que ce qu’elle désire adviendra (…) et la crainte est une autre disposition de l’âme qui lui persuade qu’il n’adviendra pas” René Descartes, Les passions de l’âme, Article CLXV "De l'espérance et de la crainte"
Voilà où se cache ce qui nous maintient. En activité. En mouvement. En vie.
Il faut en avoir de l’espérance avec l’administration universitaire … Malgré une avalanche de formulaires remplis, l’attente et la confirmation de la disponibilité du sésame (un diplôme), l’âme persuadée que ce qu’elle désirait adviendrait ne pu suffire par exemple aujourd'hui pour ma part …
Oublions l’université et prenons la question à l’envers : pouvons-nous être un horizon d’espérance ? Ou faudrait-il être malheureux pour susciter l’intérêt ?
Être dépressif, en deuil de son chat et s’être cassé le pied l’avant-veille, c’est certain, ça en jette quand même plus qu’être tout bonnement (et bêtement) heureux.
Heureux ou malheureux, tout n’est peut-être qu’une question de la manière dont nous disposons notre âme … comme le disait aussi, et plus simplement, ce cher Panda :
“I am not A big fat Panda, I am THE big fat panda” Kung fu Panda

dimanche 12 février 2012

La vidéo du dimanche


“Au jour vénérable du soleil que les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés”
Décret de l’empereur Constantin (321)

Écouter une chanson douce comme un bonbon sucré.
Cocoon, On my way

samedi 11 février 2012

Et vive la liberté !


“L’important ici est de persuader aux gens qu’on est moins heureux qu’eux ailleurs” André Gide, Retour d’URSS, 1936

L’idée de chercher, pour se consoler, toujours plus misérable que soi est un ressort habituel lorsqu’il s’agit de minimiser sa peine.
Voilà qui est paradoxal puisque, précisément, une peine ne se partage pas. Elle n’est pas subjective, elle n’est pas objective. Elle est encore moins relative.
André Gide savait pourtant bien ce qu’il disait – écrivait.
Guy Delisle a remporté le Fauve d’Or (c’est-à-dire le prix du meilleur album) au festival international d’Angoulême le 29 janvier dernier pour son album Chroniques de Jérusalem. Et lorsqu’on lit les ouvrages de Guy Delisle, on comprend mieux qu’effectivement, les dictatures consistent, aussi, à persuader les gens qu’il est possible d’être moins heureux qu’eux ailleurs. Et bien sûr, de légitimer ainsi l’absence de liberté par l’assurance de la sécurité. Triste et célèbre combat que celui qui oppose ces deux notions.
Né au Québec en 1966, Guy Delisle suit sa femme, médecin pour Médecin du Monde, dans des pays improbables. Il les prend comme champ d'exploration pour créer des bandes-dessinées offrant au lecteur d’étranges découvertes du quotidien de ces terres peu visitées  : la Birmanie (qui donnera les Chroniques birmanes), la Chine (Shenzhen), la Corée du Nord (Pyongyang) et Jérusalem (Chroniques de Jérusalem). 













Le plus étonnant est peut-être son opus totalement ubuesque qui nous introduit dans ce pays inconnu qu’est la Corée du Nord, Pyongyang. Arrivé, pour quelques jours, sur le devant de la scène internationale suite à la mort de Kim Jong-Il en décembre dernier, la Corée du Nord est totalement méconnue du reste du monde. Plus problématique : la population ignore tout – semble-t-il – du reste du monde !
Le lecteur découvre alors que 1984 de Georges Orwell n’est pas un monde à part. Il existe, sous nos yeux. On se demande d’ailleurs comment il a été possible pour le héros de passer les frontières munis de cet ouvrage dans son sac tant le récit rejoint la réalité.
Les étrangers sont accueillis par un guide qui le restera durant tout leur séjour. Un guide qui vous « proposera » (comprendre « imposera ») une visite toute impersonnelle du pays. Pour ne vous offrir qu’un petit Making off des éléments les plus étonnants (soyons diplomates …), voici ce que vous découvrirez, entre autre, en tournant les pages de cette bande-dessinée peu commune: un début de voyage consistant en un passage devant la statue du père de la nation Kim Il-Sung qui, malgré sa mort en 1994, est demeuré le président. Dépôt de fleurs obligatoire. Des "volontaires" de partout .Mais nulle part des âmes qui flânent. Pas de petits vieux qui bavardent. Une ville, un pays aseptisés. Quatre hôtels qui accueillent les étrangers. Mais seul le dix-septième étage qui possède l'électricité : celui qui les héberge. Et une gymnastique locale qui consiste à marcher à reculons.
« Heu … Un mec qui coupe de la pelouse à la faucille sur des kilomètres d’autoroute … c’est aussi un « volontaire »  ?
Tant d’absurdité nous fait douter. Faut-il en rire ou en pleurer ?
Là où il n’y a pas de doute c’est qu’il n’est pas possible d’être moins heureux.
...
La liberté en musique ? Il est libre Max d'Hervé Cristiani ou Être né quelque part de Maxime le Forestier
Mais à quand un Hexagone en Corée du Nord ? 


jeudi 9 février 2012

En avant !


« Le naufrage c’est l’idéal de l’impuissance » Victor Hugo
Quand on parle de naufrage, on pense souvent à celui du radeau de la méduse de 1816.
Histoire sordide que ce naufrage. Initialement partie pour le Sénégal, la Méduse s’échoue en chemin et seul quinze âmes survivront après avoir connu l’horreur de la survie en pleine mer : cannibalisme, trahison, assassinat …
Décrit comme un des plus grand drame de l’histoire maritime, ce naufrage a obtenu sa postérité et une place de marque dans l’imaginaire collectif principalement par l’intermédiaire de Gérirault de son œuvre éponyme si célèbre :
Le Radeau de la Méduse, Géricault
Pourtant, si Goscinny et Uderzo ont caricaturé ce mythique tableau, c’est bien pour souligner – je le suppose – le fait qu’il y a impuissance là où il y a abandon et désespoir tout humain. Le libre-arbitre a ainsi sans doute sa part dans la manière de vivre le naufrage (propre et figuré).

Un autre épisode plus contemporain qui a marqué la conscience collective dans la méthode de survie lors de situations extrêmes est celui du crash d’un avion en pleine cordillère des Andes en 1972.
Les survivants lors de l'arrivée des secours après 72 jours


Abandonnés des équipes de sauvetage après quelques jours de recherches infructueuses, les rescapés du crash – une équipe de rugbymen, étudiants uruguayens – vont connaître 72 jours de survie hors norme. Une avalanche emportera certains des miraculeux survivants. Le froid en emportera d’autres. Un merveilleux documentaire revient sur cet épisode riche d’enseignement à travers le témoignage des seize survivants, aujourd’hui parents. Leur cannibalisme y est expliqué de manière fort émouvante, et nous sommes bien loin des monstres auxquels ce seul mot nous fait instinctivement penser. Ils ont puisé dans la mort – souvent celle de leur proche qui les avaient accompagné pour le voyage - une incroyable force de vie. C’est beau, dur, et donne de l'énergie face au découragement !
Les Naufragés des Andes, film documentaire de Gonzalo Arijon
Si le naufrage est l’idéal de l’impuissance, ces hommes nous révèlent que le surmonter est l’idéal de la force humaine.

mercredi 8 février 2012

Le plaisir des incompréhensions


« L’œuvre pure implique la disparition élocutoire du poète qui cède l’initiative aux mots » Mallarmé, Crise de vers
Lâcher prise sur les mots, puisqu’ils disent plus que ce que nous attendons d’eux.
Qui a dit, d’ailleurs, que se comprendre avait un quelconque intérêt ? 
La communication ? Oui, certes …
Le théâtre de l’absurde, sans aucune once de logique, parvient à signifier alors …
Pourtant, j’ai l’étrange obstination de vouloir, sans cesse, donner un sens aux choses. Et même lorsqu’il n’y a pas de raisons valables pour en chercher (et en trouver). C’est qu’il devait en être ainsi alors.
Et pourtant (pourtant je n’aime que toi ?).
Non pourtant, je trouve qu’il n’en va pas de même en matière de musique. Les plus belles mélodies et chansons sont des poèmes qui laissent à l’âme le choix du sens à y déposer.
Nous sommes remplis de contradictions. Celle-là est peut-être la mienne.
Mais il ne s’agit pas, justement, de l’absence de sens suggéré par l’absurde. Plutôt le mystère permis par un boulevard de clarté préalable. Dans ce cas, précisément, la part de mystère ouvre la porte à la rêverie et finalement au début du plaisir.
Voilà peut-être pourquoi le groupe Debout sur le Zinc remporte un tel succès en toute discrétion. Ce sont des poètes qui se laissent dépasser par les mots.
Qui comprend réellement à qui ou à quoi (tiens tiens) est destinée cette déclaration par exemple :
Debout sur le Zinc, La déclaration

Prenons un autre exemple, celui du cinéma. Pensons au mystère de « Rosebud » de Citizen Kane. Si nous comparons cette énigme à celle – si l’on se permet l’anachronisme – du Sixième Sens, nous percevons bien toute la nuance : dans le premier, l’énigmatique phrase prononcée dans un souffle avant la mort du journaliste et héros Charles Forest Kane conserve jusqu’à la fin tout son mystère ; dans le deuxième, la chute éclaire a posteriori tout le déroulé de l’intrigue.
Une fois le mystère perdure au-delà du film, une autre, il disparaît dans l’espace-temps du film.
Le premier est plus noble à mon goût.
Conserver une place pour l’imaginaire.
Conserver des espaces pour de doux non-dits.
Conserver un lieu pour le plaisir des incompréhensions

mardi 7 février 2012

Toucher l’instant


"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", Alphonse de Lamartine (Extrait du poème L’Isolement)

Ce n’est jamais le bon moment pour les malheurs.
A l’inverse, n’y a-t-il des moments où il est temps que de belles choses arrivent ?
Il n’est pas de « bon moment » où l’on est à même de faire face. On fait face et voilà tout.
Pourtant, il y a des moments où l’on n’est pas tout à fait prêt à affronter la reconstruction.
C’est précisément les interstices de ces instants fragiles que Jake Scott parvient à capter et met en lumière dans son film plein de délicatesse Welcome to the Rileys.

Loin du paillasson avec un chien souriant qui nous dirait « Bienvenue dans une famille on ne peut plus commune » que ce titre peu accrocheur semble annoncer, le déroulé de cette vie familiale laisse place à un univers de tendresse éprouvé par de douloureux  aléas.
Malgré des thèmes rabâchés (la mort d’un proche, l’amour qui bat de l’aile, une adolescente complètement paumée) et des sujets peu novateurs (et déprimant, je vous l’accorde, quand ils sont mis brutalement à plat comme je le fais), le scenario nous emporte dans une quête d’espoir. Plus encore une quête de ces instants qui prennent sens en se percutant.
Proche de 21 grammes (Alejandro Gonzales Inarritu) par les thèmes, l’approche de ces tranches de vies et de la mise en lumière de la douleur à vif, ce film nous présente un trio : trois êtres perdus en quête de repère et de sens. L’intrigue nous prend aux tripes tant les sentiments sonnent juste. Ni larmoyant sur cette fille qui se prostitue, ni dans le pathos pour cette mère incapable d’affronter le monde – et la réalité - hors des murs de sa maison, depuis la mort de sa fille, ni flagellateur pour ce père qui trompe allègrement sa femme depuis des années.

Trois êtres dont il est temps que leur destin se rencontrent.

Parce qu’il est rare que la reconstruction d’un couple se fasse grâce à la rencontre d’une prostituée.
Parce qu’il est rare de voir un couple tenir au cinéma.
Parce qu’il est rare de voir un film parvenir à toucher l’instant.
 Grand Corps Malade Toucher l’instant


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