« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
En ce 23 décembre, l'alternance des fêtes bat son plein.
Faisons donc une pause dans cette effervescence des fêtes. Et posons-nous des questions avec Sexto Rodriguez.
" Je ne suis ni dessinateur ni peintre. Mes dessins sont de l'écriture dénouée et renouée autrement" Jean Cocteau
On dit souvent que si les murs parlaient, ils nous raconteraient de sacrées histoires. Ils en ont vu des passants, des écoliers, des amants, des jeunes femmes, des familles nombreuses, des solitaires. Les longer, les raser, les observer, les taguer.
Les murs ont un sens pour ceux qui les connaissent. C'est sans doute pour cela qu'il peut être douloureux de changer de murs. Le "mal du pays" dit-on. Ces nouveaux murs, ces nouvelles pierres, ce nouveau territoire n'ont pas d'histoire à nous raconter. Nous n'en avons pas à leur en conter.
Pourtant, certains murs semblent universels. La richesse de leur passé dépasse toute possibilité d'ennuis.
Chroniques à Jérusalem, de Guy Delisle racontent justement comment cette ville regorge de murs forts bavards, si l'on parvient à les écouter. De mur (des lamentations) en mur ( de séparation).
Comme à son habitude, l'auteur trace sous son fin crayon sa vie dans une ville (souvenez-vous de Shenzhen, Pyongyang ou les Chroniques Birmanes notamment) et en l'occurrence ici dans la ville Sainte d'Israël. On découvre les quartiers musulmans, les quartiers juifs, les quartiers chrétiens. Les colonies. Les aberrations qu'une telle division fait naître au quotidien. On découvre le regard d'un dessinateur sur une ville, qui tel un interprète, transpose par un trait de crayon les non-dits et les discours des murs sur une feuille de papier.
Un dialogue avec les murs.
On en regarde les murs différemment. Même à Paris.
« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Alors que l'hiver s'installe, et que le verglas ne devrait plus tarder, on peut se demander à quoi rêvent les patineurs, non ?
Clarika, Les patineurs
Et en ce premier dimanche de l'avent je vous propose une jolie découverte : le projet de Louis Coumian et Clément Martin qui jusqu'au 24 décembre proposent un calendrier de l'avent en vidéo. A découvrir ici.
Mais elle peut être abordée sous un autre angle: celui qui appréhende la révolte comme un état d'esprit supposant encore de l'espoir. La possibilité même d'une révolte présuppose, par l'énergie qu'elle nécessite, la persistance d'une ressource et d'une force profonde.
Le stade du "à quoi bon" n'est pas encore atteint.
La noblesse réside précisément dans cet interstice entre l'exigence et l'abandon.
« Si vous avez confiance en
vous-mêmes, vous inspirerez confiance aux autres » Goethe, Faust
La confiance
est un concept général qui ne se limite pas à une interaction duale.
En économie, les prophéties auto-réalisatrices sont des exemples éclairants
en la matière : le système boursier repose sur la confiance des uns à l’égard
de la stabilité du système global. Ainsi, comme l’explique le sociologue Robert
K. Merton, la moindre rumeur d’insolvabilité implique un risque de mouvement de
panique à l’origine de potentiels retraits massifs, auxquels les banques ne
peuvent pas survivre. Par ricochet, cette suite d’événements implique
l’effondrement du système. La rumeur initiale est ainsi confirmée.
L’irrationalité de départ – la rumeur - a été validée par la rationalité
des comportements – ne pas vouloir perdre et participer, de fait et
collectivement à l’effondrement.
Le dilemme est bien là : soit on participe à l’effondrement collectif,
soit on résiste et l’on participe à son propre effondrement.
On pourrait ainsi parler avec le journaliste Jean Birnbaum d’une
« dramaturgie de la confiance » : accorder sa confiance c’est
parier sur l’inconnu. C’est définir les conditions d’une trahison à venir.
Comme nous le montre
Moogli, il y a comme une hypnose de la confiance.
« Le temps est une surface, horizon. Tout entier vers ce qui va venir » Husserl, Lesleçons sur la conscience intime du temps
Une rencontre fondatrice qui imprime notre façon de penser et d’appréhender les événements.
Dans Before Sunset, le film romantique dont il était question ici, Jesse et Céline se retrouvent alors que neuf années les séparent de leur rencontre initiale : celle d’une journée passée ensemble, alors qu’ils étaient tous deux en escale à Vienne.
Dans Before Sunrise, le spectateur découvre cette rencontre fondatrice. C’est à Vienne donc qu’ils passent une journée, à partager leurs ambitions, leurs rêves et leurs espérances.
Ce temps passé ensemble est tout entier tourner « vers ce qui va venir ». Comme par un effet boule de neige on comprend mieux la suite. Un éclairage par la source. Le passage des rêves aux illusions perdues. Une rencontre qui en entraine une autre, dans de nouvelles circonstances et un nouveau contexte.
Un effet boule de neige que l’on retrouve dans les mots de cette poignante chanson des Wriggles :
[En cette période de choix politique complexe, voici une rediffusion du 19 avril dernier qui fait référence à cette épineuse question]
« Vous aviez
le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et
vous aurez la guerre »
Winston Churchill à Neville Chamberlain, 1938
Choisir entre la peste et le choléra, c’est
bien connu, ce n’est pas très drôle. Mais version Churchill, il y a une
dimension dramatique à la chose qui l’est encore moins.
« Dans leur pitié, pour notre
race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au
milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes » Platon
Un joli clip entre
fiction et réalité;
Parce que le dimanche est
un entre-deux.
Nous sommes encore si
loin de la semaine prochaine !
« Dans leur pitié, pour notre race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Se démarquer de la masse. Vaste programme. Soyons tous clownesque, et nous serons la masse.
Joli clip d’animation proposé par Debout Sur le Zinc :
Ce clip participe en ce moment au concours PROTOCLIP. Vous pouvez voter ici.
« C’est peut-être l’enfance qui approche le
plus de la « vraie vie » André Breton, Premier manifeste du
surréalisme
Quand on gagne, après dur labeur, le monde du travail, on finit parfois par
se dire que la vie enfantine n’était pas si désagréable, après tout.
Dans Plus cool tu meurs, la bande
dessinéed’Alex Robinson, on
s’aperçoit que c’est d’ailleurs bien dans cette période que (presque) tout se
joue.
La scénario est proche de celui de l’Effet
Papillon, film dont il était
question dans l’Effet Mouche : Andy veut arrêter de fumer. Après de
multiples tentatives, il se rend, sans aucune attente mais en désespoir de
cause, à une séance d’hypnose. Entre mépris et appréhension à l’égard de cette
méthode, il finit par s’y abandonner. Cet homme de 40 ans se retrouve alors
dans la peau du jeune adolescent qu’il était, un lycéen de 15 ans. Vient l’heure
des options et des effets papillons : que se passerait-t-il s’il s’offrait
enfin la possibilité d’inviter la jolie Marie à la fameuse fête du cousin de
Mat, lors de laquelle il a fumé pour la première fois ?
De ces choix faits bien plus jeune découle, en guise de résultat, sa vie
actuelle. Mais la retrouvera-t-il ?
Ce scenario original est accompagné par un ton décalé qu’introduit
parfaitement la citation choisie en début de son ouvrage : « Aux solitaires, aux losers et aux parias. En
espérant qu’un jour, vous leur montrerez de quoi vous êtes capables ».
Comme dirait Benoit Dorémus, avis à ceux qui ont la loose :
Au-delà du prénom, certains vont
même plus loin et voient les choses en court ; se faire une lettre !
Prenez l’alphabet et
arrêtez vous à K.
Le jeune auteur-compositeur et
interprète Nicolas Michel –alias K- avait sorti en 2005 « L'Arbre
rouge ». C'est cette première mouture qui a été enrichie pour donner
naissance à un album prometteur qu'est « l'Amour dans la rue ».
Hymne au bonheur dans « Le
vieux monsieur », à la vie et à l'amour dans « Je suis
bien » et «L'amour dans la rue », l'album de K est avant tout un
concentré d'énergie, d'optimisme et de joie de vivre. Ce jeune Helvète nous
ouvre un univers singulier emprunt de poésie et de tendresse, assaisonné d'une
pincée de dénonciation politique. La poésie atteint sans doute son apogée dans
le touchant hommage rendu au célèbre « carpe diem » dans la chanson
« Je suis bien ».
L'amour dans la rue
Je suis bien
Le vieux monsieur
Mais K est loin d'être un
idéaliste béât. Il nous dévoile en effet un monde bien plus subtil. Il joue
habilement de thèmes dramatiques, en évitant par exemple, le pathos en évoquant
la mort dans « La cendre ».
Avec un air faussement
désinvolte, K chante la mort et l'amour avec la même facilité. Ses angles
d'approche sont souvent décalés et surprenants. C'est ainsi que, sans aucune
réticence, il scande le refrain éponyme de sa chanson « je smoke an other air » dans un anglais qui fait sourire.
Cette personnalité si singulière
qui se dévoile dans ce premier album est le résultat d'une quête. Le jeune
Lausannois a un momenthésité entre une carrière d'acteur et celle de
chanteur. La mise en spectacle n'est d'ailleurs pas absente de son album
puisque chaque nouvelle chanson est un univers à part entière.
Le talent est donc indéniable.
Reste une impression de « déjà vu, déjà entendu » qui altère quelque
peu l'enthousiasme de départ. Le jeune chanteur s'inspire en effet assez
largement de la Nouvelle Chanson française avec en arrière fond, la perceptible
influence du Belge Jacques Brel.
"Il faut toujours prendre les
choses à la légère et les supporter avec bonne humeur, il est plus humain de
rire de la vie que d'en pleurer" Sénèque
Avez-vous remarqué la dernière campagne publicitaire d’IKEA ? Il me
semble qu’elle reprend à peu près cette philosophie de Sénèque !
Pour fêter ses 30 ans d’existence, le plus célèbre magasin suédois a mis en
place toute une campagne d’affiches sur le mode « 30 ans de vie commune,
c’est un beau début ». Sur fond de jeu de mots sur le thème de la ténacité
d’une vie de couple, la marque met en image des étapes décisives de la vie. En
soi, rien de bien méchant, certes.
Pourtant, l’humour, tout particulier, peut laisser, disons, interrogateur …
Ainsi, on peut voir dans le métro parisien notamment :
Jean et moi, on n’a pas dû avoir le même premier salaire …
Une autre affiche nous prend peut-être encore plus au dépourvu :
L’idée de prendre la vie du bon côté est quelque peu poussée à l’extrême.
Mais après tout, pourquoi pas.
Mais la marque a cela de malin : on a du mal à identifier qui est le
plus malheureux dans l’histoire. Elsa ? Marc ? Les chaussures ?
Et comme certains cherchent surement à compatir –comme moi -pour le plus malheureux, on est mal à l’aise
face à cette incertitude. Plus que par l’anti politiquement correct que cette
affiche contient, elle nous dérange par le flou qu’elle installe. IKEA a gagné.
« Dans leur pitié, pour notre race naturellement
vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux.
C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Parue dans l’article Montrez les crocs publié dans la
version web du magazine Paulette, cette vidéo de Captain Kid enchante ce dimanche avec son humour décalé. « I’m
selfish and jalous. Is that a crime ? »
« Cette chose plus compliquée
et plus confondante que l’harmonie des sphères : un couple »Julien Gracq, Un beau
ténébreux
La célèbre marque a axé son plan marketing sur le couple et sa longévité.
Ressort de (presque) toutes les intrigues, cette longévité des unions est
débattues par deux films où l’on retrouve le même type d’intrigue : Blue Valentine d’une part et La Guerre est déclarée d’autre part.
Alors que le premier met en scène un couple rongé par l’ennui et la
fatalité du temps qui passe, le second trouve sa raison de vivre dans la
maladie.
Les deux films placent l’enfant comme élément matriciel du duo incarné par
le couple. Dans Blue Valentine,
l’enfant a engendré l’union elle-même. Alors qu’on pourrait croire que l’enfant
de La Guerre est déclarée est le
socle du couple, il devient peu à peu le seul élément de l’union, et finit,
ainsi, par faire mourir le couple en tant que tel.
Dans les deux cas, le spectateur est incapable de dire qu’il aurait voulu
faire pour que ces histoires marchent. Ce qu’il voudrait que les héros fassent
pour que ça marche. A croire que les échecs n’ont pas nécessairement
d’explication.
[Quand le froid s'installe, tout incite à se replonger dans un précédent article et trouver de quoi résister !]
« Je suis recherché maintenant
tout à la fois par Vichy et par la Gestapo qui n’ignore rien de mon identité et
de mes activités. Mais je suis bien décidé à tenir le plus longtemps
possible » Lettre de Jean Moulin au Général de Gaulle 7 mai 1943
La résistance peut prendre mille et une formes : celle, historique et
héroïque pendant la Seconde Guerre mondiale, et celle, plus discrète, du
quotidien.
Aujourd’hui, certains candidats à l’élection présidentielle étaient à la
cérémonie rendue à l’un des derniers résistants qui avait connu Jean Moulin,
Raymond Aubrac. Comme pour dire, par procuration, qu’ils sont des hommes de
bien. Pourtant si l’on utilise l’expression « entrer en résistance »
c’est parce qu’il s’agit bien d’une posture. Nulle doute que si l’on pouvait
éviter d’y entrer, on s’en abstiendrait. Nul doute surtout que l’on n’entre pas
en résistance par procuration.
Si l’on veut mesurer ce que fut la résistance, la vraie, on peut se
replonger dans le film Lucie Aubrac
de Claude Berri, qui, à défaut de nous faire comprendre le phénomène incroyable
d’un tel engagement, nous fait mieux connaître le destin de ce couple peu
connu. Loin de l’image idéalisée de la France résistante véhiculée par La Grande Vadrouille, Lucie Aubrac offre
pourtant quelques instants légers notamment lors des évasions folles de
résistants orchestrées tantôt par Lucie pour Raymond Aubrac, tantôt par le
couple, pour des comparses résistants. Le chant des partisans prend alors tout
son sens.
Certes, nous changeons radicalement de monde, mais chercher un emploi,
c’est, pour une part au moins, entrer en résistance. Contre l’ennui d’abord.
Mais contre la bêtise, surtout. Celle des gens que l’on croise, nécessairement
lors des démarches classiques. Certains d’entres eux en tout cas. Mais le plus
dur, c’est peut-être que l’on lutte contre un être invisible. Une incertitude
permanente.
Mais on connaît la chanson : le mieux, reste donc de résister.
Aujourd'hui, on relit un article qui nous fait voyager.
«
Demandez à un crapaud ce qu’est la beauté, il vous dira que c’est sa crapaude,
avec deux gros yeux ronds, une gueule plate, un ventre jaune et un dos brun. » Voltaire
Effronté non, cet animal là ?!
En beauté comme en amour il en va presque toujours de ce
que nous voyons. Comme il l’était déjà dit ici. Pas très loin de cette
réflexion il y a celle d’aujourd’hui.
Et vous allez finir par croire que j’ai des origines
québécoises, puisque je vous parlais déjà de cette région ici et là … Qu’à cela
ne tienne !
Je mise plutôt, pour ma part, sur ce grand froid pour
m’avoir fait penser à ce film dont l’épique épopée se déroule dans un village
reculé et bien mal nommé du Québec : Sainte Marie La Moderne et dont le
titre en dit long sur sa teneur : La
Grande Séduction.
L’histoire est simple mais originale : Sainte Marie
La Moderne a besoin d’un médecin pour voir son usine rouvrir et ses hommes, au
moral en berne, reprendre du poil de la bête. Or, Christopher Lewis, médecin de
ville absolument détestable, est envoyé sur place après avoir été arrêté au
volant de sa voiture sous l’effet de diverses drogues. Commence alors la grande
séduction menée collectivement par tout le village pour tenter de garder cet
homme tombé du ciel. Prenons l’exemple, absolument hilarant, du départ :
apprenant que leur potentiel sauveur est fan de cricket, les hommes improvisent
une mise en scène pour que la première vision à son arrivée soit
magique : une équipe de cricket en pleine action. Sauf que, détail,
personne au village ne connaît ni les règles, ni les bases du jeu en question …
La séduction s’annonce ainsi toute aussi grande que
longue ! Parce que, vous l’aurez compris, le chemin reste donc long tant
les distances qui séparent ces deux mondes amenés à cohabiter sont différents.
Un village tout entier qui trouve ainsi sa raison d’être
à échafauder toutes sortes de subterfuges pour conserver son médecin, voilà qui
semble désuet … et pourtant si crucial à l’heure où les zones rurales désertées
par les médecins sont des vrais enjeux de politiques publiques en France.
Scenario et décor peu habituels, ce film de 2003 a tout,
précisément, pour séduire. Et tout cela dans un québécois typique (il me semble
qu’il existe même une version sous-titrée en français !). Impossible de
les prendre au sérieux ces bonshommes là ! Drôle et émouvante, cette Grande Séduction mérite vraiment qu’on
s’y replonge.
Un seul bémol peut-être : une fois le clap de fin
frappé, vous risquez de vouloir prendre le premier vol pour Sainte Marie La
Moderne, ce qui, je vous le concède ne serait peut-être pas la meilleure idée
du siècle.
…
Mais tout n’est,
après tout, qu’une question de point de vue !
« Dans l’amour il n’y a que la conquête et la
rupture qui soient intéressantes; le reste c’est du remplissage » Louis
Verneuil, L’Amant de cœur
Certes, tout a une fin.
Mais parfois, il faut déjà croire en un début. Et parfois, on reste des
débutants en tout. L’âge ne fait rien.
Dans Beginners, le film de Mike
Mills, tous les personnages sont des débutants. Hal qui assume son homosexualité
à 75 ans, son fils Olivier incapable de garder une petite amie et Anna, qui
fuit son père dépressif. Des débutants en tout. Qui sont pourtant bien moins
perdus qu’ils ne le pensent. Tous savent finalement ce qu’ils cherchent.
A une autre échelle, chercher un début est le propre de l’immigration. Et
la chanson America de West Side Story incarne parfaitement les rêves des uns
contre les déceptions des autres.
Savoir ce que l’on cherche. Encore faut-il laisser une place au début.
« Ce n’est pas la révolte
elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige » Albert Camus, L’Homme révolté
Les pires événements peuvent se dérouler sans que personne ne se sente
particulièrement concerné. Voilà donc pour les indifférents.
Les dépressifs quant à eux ont ceci de dévastateur, et de touchant: ils appréhendent
la misère du monde et se sentent incapables de changer le cours des choses.
Et au milieu, il y a ceux qui pensent, à l’image des écologistes par
exemple, que l’on peut, individuellement, influencer les événements ou les
manières de penser. C’est un mouvement en marche. Qui ne s’arrête jamais
vraiment. Un travail de longue haleine.
C’est chercher Hortense.
Dans le film éponyme, le héros (Jean-Pierre Bacri)
fait preuve d’un courage notoire, à travers une succession
d’événements inattendus. Si l’objectif ultime est bien d’atteindre Hortense,
cette quête devient presque un concept : celui de croire qu’un homme
ordinaire peut devenir un héros anonyme. Croire que la révolte peut avoir lieu
tous les jours, à travers (d’apparentes) anodines interventions.
Mais si chercher Hortense c’est se révolter, c’est alors aussi (un peu) le
faire avec les Inconnus … :
« Dans leur pitié, pour notre
race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au
milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Le dimanche, c’est l’alternance
des fêtes. L’occasion de prolonger le samedi soir et d’en voir de toutes les
couleurs !
« La nature la plus profonde de l’individu
est à fleur de peau » Erving Goffman
Dire ce que l’on pense, penser ce que l’on dit, dire ce que l’on fait …
Parfois, bien qu’on le veuille, il est bien difficile de tout bien faire.
Et ce n’est d’ailleurs pas nécessairement dans l’intérêt de notre interlocuteur
de connaître le fond de notre pensée.
L’ennui, c’est que le visage en dit souvent bien plus que ce qu’on l’on
espérait faire transparaître. Le plus profond est à la surface.
C’est justement sur ce thème que S. J. Watson mène l’intrigue de son roman Avant d’aller dormir. Ce thriller
passionnant emporte le lecteur sur le champ de la manipulation, du subterfuge,
de la trahison et du mensonge.
La vérité est tous les jours devant les yeux de l’héroïne, Christine, qui
pourtant, tous les matins, ne se souvient plus de qui elle est. Une amnésie dont
certains n’hésite pas à abuser. Oui, mais qui et pourquoi ?
Tous les matins, elle lutte pour se souvenir de la veille.
C’est cette constante impression de passer devant la vérité, de la frôler sans
pour autant pouvoir la saisir qui participe à l’ambiance haletante et
fascinante de ce premier roman.
Idéal pour cette rentrée : les souvenirs (de vacances ?) sont nos meilleurs atouts pour l'avenir.