Les deux personnages de
Beckett ont-il sombré dans la folie ? La question ne se pose pas : le
théâtre de l’absurde est au delà du champs de la folie.
Ce qui est certain,
c’est que la folie marginalise. Aucune révolution à ce stade.
Sauf quand le sociologue Erving Goffman fait de la folie une construction
sociale. Dans Asiles, l’auteur révèle
en effet que seules les normes imposées par tous, donnent vie à l’a-normalité.
Happiness Therapy est en cela révélateur : les deux
personnages principaux adoptent des comportements déviants suite à des
événements bouleversants de leur vie respective. Leur réintégration de la
société passe donc par un réapprentissage des normes sociales et des rapports
sociaux. Et ce n’est pas un hasard si ce parcours emprunte d’abord le chemin de
la danse : la communication non-verbale possède une force insoupçonnée. Elle ne
requiert paradoxalement, pas la même énergie que la parole.
Les héros de Happiness Therapy
sont au-delà des mots.
Et la folie ne serait-elle pas est un bien partagé ?
“Au commencement était la
répétition” Yves Bonnefoy
Le 14 février, on doit s’aimer. Tout le reste n’est qu’encombrement,
rabat-joie, tristesse.
Tout le reste qui rappelle que l’essentiel n’est peut-être pas dans cet
étalage momentané de bonheur.
Parce que tout comme le serveur amène ses plats, il faudrait ce jour
commander des mots doux.
Pourquoi pas, après tout. Ils ne font de mal à
personne ces mots doux. Excepté à ce reste d’encombrement, de rabat-joie, de
tristesse.
Si la répétition, avec Yves Bonnefoy est une ressource à la création
puisque le même mot n’est jamais, en réalité, identique tant il est contexte –
ceux avec lesquels il est associé - et mémoire – ceux auxquels il se rapporte
-, il reste que le 14 février est un perpétuel recommencement de bons
sentiments qui perdent, par leur nécessité, de leur saveur.
Parce que ces fleurs bleues rendent cet inconnu à l’humour décalé si
attachant et nous rappellent que les surprises du quotidien sont le
meilleur contrepied à ce 14 février :
« Dis-moi ce que tu vaux, Conte-moi tes vertus, tes glorieux travaux ». Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste
Reprendre du service, se remettre dans le bain, le retour au train train.
Après les fêtes il est souvent bien douloureux de retrouver ses quotidiennes habitudes.
Même si l'on voudrait du rab, il n’y a pas de doute : les durs mois post féérie sont bels et bien installés.
Mais cela est sans doute mieux ainsi. Sinon, on ne le reprendrait jamais, notre service. Et d’ailleurs, on ne le prend pas. C’est lui qui nous happe.
C’est ce dont est témoin (victime ?) Serge Tanneur (Fabrice Luchini) dans Alceste à bicyclette : le retour dans les arènes du métier d’acteur lui est quémandé par son ancien collègue et désormais acteur à succès de série B, Gauthier Valence (Lambert Wilson). Retrouver le plaisir du jeu et de la scène, voilà qui est tentant. Mais cela est sans compter ce qu’il a fui, à savoir tout le reste.
Ce film est surprenant : avec une mise en abime constante, il offre au spectateur un double spectacle. Celui, habituel de la fiction voulue par le cinéma. Et celui, plus inattendu, de la mise en scène d’acteurs interprétant le Misanthrope de Molière. Un spectacle dans le spectacle. A notre insu, s’installe alors un doute : où est la frontière entre une fiction et l’autre ?
Le Misanthrope serait-il un prétexte ? Pour ne pas reprendre du service immédiatement, certainement …
« Dans leur pitié, pour notre
race naturellement vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au
milieu de nos travaux. C’est l’alternance des fêtes »
Platon
De la pluie en papier
mâché, voilà ce qu’il nous
faudrait !
Entre cartoon et réalité,
ce clip de Lieutenant est une jolie découverte !