lundi 23 janvier 2012

Où sont les femmes ?



« Arnolphe, assis (s’adressant à Agnès) :
Votre sexe n'est là que pour la dépendance
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité;
L'une est moitié suprême, et l'autre subalterne; »
Molière, L’école des femmes, Acte III Scène 2
Satisfait(e)? Révolté(e) ? Amusé(e) (je coche celui-là) ?
Comme à son habitude, Molière mobilise les ressorts du comique pour rythmer ses pièces, non sans nuances, habileté et finesse. Ici, il fait parler Arnolphe sur sa vision des rapports hommes / femmes … Chacun son opinion, n’est-ce pas ?
Depuis la soumission dans laquelle Molière embrigade – non sans ironie - la gente féminine, le « Deuxième Sexe[1] » a parcouru du chemin ….
Etre féministe ou non, là n’est pas la question.
Il est un fait que les femmes sont devenues une figure éminemment centrale sur l’échiquier politique, et c’est tant mieux ! Pensons à Dilma Roussef première présidente du Brésil, Angela Merkel chancelière en Allemagne, Cristina Fernandez de Kirchner présidente de l’Argentine, Ségolène Royal au second tour des présidentielles en France en 2007… Pourtant, paradoxalement, les inégalités sont bel et bien persistantes : l’INSEE récence au sein des pays européens moins de 40% de femmes élues dans leurs Assemblées.
L’actualité, à nouveau, rattrape nos auteurs classiques puisque la campagne lancée mardi 17 janvier dernier par l’association Laboratoire de L’Egalité relance le débat sur la place de la femme dans la société et sur les inégalités entre hommes et femmes dans la vie active tout comme pour les tâches domestiques.

Le constat n’est pas neuf. Pourquoi alors les inégalités sont si persistantes ? Parce que chacun participe à les pérenniser : les hommes, qui y trouvent leur compte, les femmes qui intériorisent et jouent leur rôle. Sinon, que seraient-elles ?
Pour une lecture amusante sur ces inégalités au quotidien, lisez l’analyse du sociologue Jean-Claude Kaufmann qui se lit comme un roman La trame conjugale. Analyse du couple par son linge[2] où il montre combien l’identité est fragile et nécessite un travail quotidien de mise en scène : la femme joue la femme – tout comme pour Jean-Paul Sartre « le garçon de café joue à être le garçon de café [3]»

Oui mais voilà : tous ces « jeux » apparents engagent en réalité nos identités et voilà qui semblent bien complexe à remettre en cause…
(Non, je ne vous imposerai pas la vidéo de Patrick Juvet ... mais si vous y tenez vraiment, c'est ici !)


[1] Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Gallimard, 1949
[2] Jean-Claude Kaufmann, La trame conjugale. Analyse du couple par son linge, Nathan, 1992
[3] Jean-Paul Sartre, L’Etre et le Néant, 1943

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