mardi 22 mai 2012

Qui me parle ?


« L’un dit une chose, l’autre allait justement dire la même chose et répète cette même chose. Il semble qu’il était impossible de parler autrement. On est strictement jumeaux. Se distinguer, on n’y songe plus. Identité ! Identité ! »
La Nuit remue, Henri Michaux

Qui suis-je ? C’est parce que l’on se pose cette question que l’on aborde les cours de philosophie avec la plus grande curiosité en classe de terminale.
Les sociologues interactionnistes vont diront que ce travail n’est, en réalité, jamais fini ; que nos rapports sociaux quotidiens sont soumis à la pression de ce périlleux travail : « garder la face ». Que toute conversation est basée sur une mise en danger de soi, et de son identité.
Mais imaginez la déchéance lorsque l’on perd son identité. Lorsqu’on vous la vole. Lorsqu’on vous fait dire ce que vous n’avez pas dit. Lorsqu’on vous fait passer pour ce que vous n’êtes pas.
Voilà bien un thème rabâché par tous les arts.
Difficile, par exemple, de ne pas penser au film Volte/face dont l’intrigue aussi effrayante que passionnante repose sur le vol d’identité.  


En matière de théâtre, c’est également le thème de la pièce Amphitryon, mise en scène par Jacques Vincey et jouée jusqu’au 24 juin par la troupe de la Comédie française.
Savez-vous que c’est de cette pièce que nous vient le mot « Sosie » ? Parce que le valet Sosie se fait usurper son identité par Pluton déguisé en … lui-même.
C’est effectivement la grande perfidie des Dieux, dans cette pièce : prendre l’apparence d’autres, pour conquérir les cœurs.  
Conquérir les cœurs en prenant une fausse identité, c’est d’ailleurs également le thème que l’on retrouve dans le film Un balcon sur la mer, dans lequel Marc (Jean Dujardin) est berné tout autant par une femme qui se fait passer pour une autre, que par son passé qui le hante. 

Trouver son équilibre étant déjà bien compliqué, merci aux usurpateurs de s’écarter de notre chemin.

Qui me parle ?


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